La CAP revisite le quart d'heure poitevin

Caricature de séance publique ou parodie du quart d'heure poitevin ? Par l'entrelacs d'un mutisme assourdissant, par la discipline de corps, la belle assemblée de la Communauté d'Agglomération de Poitiers persista dans son allégeance à la politique de désengagement de l'État ; après que la tête de l'Exécutif communautaire eût reçu avec condescendance les collectifs anti-LGV dans les dernières heures de 2009...

Poitiers : le président de la CAP songeant aux transparences de l'histoire de sa capitale.

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Fin janvier 2010, le député Alain Claeys avait été félicité publiquement au parlement pour sa participation au rapport sur « Le clonage, la thérapie cellulaire et l'utilisation thérapeutique des cellules embryonnaires », par la très chantante ministre de la santé Roselyne Bachelot.
       Derrière ces travaux essentiels à une société se trouvent des idéologies — par définition discutables — qui sont volontairement voilées. Ces questions bioéthiques devront être rendues accessibles au citoyen, quelle que soit sa condition, ou ses origines (Ce sujet sera traité ultérieurement, dans une autre chronique).

De retour dans sa chère province, le président député-maire de la CAP mit au pas les fortes têtes par l'entregent de l'unanimisme en s'employant à conduire une méthodologie sortie tout droit des pratiques du palais Bourbon ; c'est aussi ça l'expérience...

» Une séance publique en décalcomanie

18h59, le 29 janvier 2010, salle des Échevins à Poitiers, le président député-maire lança, désinvolte, « Ce sera un tout petit conseil d'un quart d'heure ! » Puis, le sourire en coin, « Voilà le maire de Béruges, les doubles portes s'ouvrent ! » Enfin, le président termina, « Nous allons commencer. [...] Nous vous réunissons pour deux délibérations. »
       Il fut question d'emploi, de conventions, de tourisme, de conduite d'eau... mais de la manière la plus minimaliste qui soit ! Disons que le bureau de la CAP ne jugea pas bon de rendre publique la réalité politique de ses choix. Seul l'élu Patrick Coronas souligna cette caricature de séance publique, requérant « une demande d'informations sur les crédits non-consommés ». La CAP répondit a cette exigence républicaine évidente, séance tenante ; une collectivité locale ne saurait être clanique...

Poitiers, religieusement sous la neige. Décembre 2009.

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La séance publique avait des allures de garnison... À l'issue de délibérations de pure forme qui semblaient n'intéresser personne, malgré l'affluence, puisque tout semblait avoir été déjà évoqué au préalable lors d'obscurs conciliabules, un élu de « la plus petite commune de la CAP » s'offusqua de l'absence de concertation sur la déchetterie de Vouneuil. Ce à quoi, embarrassé par ce faux pas rendu publique, la présidence fit savoir que l'on donnerait dans la plaquette. Les citoyens devront donc se satisfaire de communication, façon RFF ! Voilà une bien curieuse manière de considérer la démocratie représentative... En realpolitik, Il est vrai qu'il vaudrait mieux laver son linge sale en famille, question de solidarité.
       Vers 19h15, le quart d'heure poitevin venant de s'achever, les élus s'éclipsèrent.

» Les tractations en quarantaine

Ryanair se crashera-t-elle dans une piscine qui prend l'eau ? Dans les colonnes du « Poitiers magazine » de février 2010, le directeur de la publication de ce même magazine déclara que la présidence de la CAP tiendrait tête à l'effronterie de l'ultra-libéralisme irlandais. Dans les quelques lignes bien emmenées, nul n'endossa la responsabilité du terme de racket : « Face à ce que certains appèlent un racket ». Ce qui prête à sourire, c'est que derrière le « certains » se trouvent la plupart des responsables de la CAP qui, bien évidemment, n'osent pas dire au plus grand nombre, ainsi qu'à Ryanair, la vérité toute crue.
       La langue de bois est, en la CAP et en la circonstance, une convenance malheureusement pratiquée avec zèle et docilité. Comme si ce qui était dit en séance plénière n'était pas assumé trivialement !

Alain Claeys, maire de Poitiers. Novembre 2008.

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À l'issue de cette prise de position, le directeur de la publication plaida l'unanimisme au son d'un vibrant « l'union fait la force ». Une fois n'est pas coutume, la CAP se décide enfin à entrer en résistance... même si le cabinet du préfet de région Bernard Tomasini « est gentil » avec le bureau de la communauté d'agglomération.

» Les scandales mis au secret

Quid de la friche commerciale de Fontaine-le-comte ?
       Quid de la maquette manquée du viaduc à 200 000 euros ?
       Quid de la piscine qui prend l'eau où barbotent les voraces et les coriaces ?

Non, vraiment, il n'y avait rien à délibérer... L'ordre du jour avait l'épaisseur de l'Oubli. Oui c'est ça, rétablissons le droit à l'Oubli...
       Quand le formel se fait solennel et que plus rien ne préside aux réalités poitevines... quand la séance publique parade en attendant la suite... c'est le grand bain pour tous les élus... c'est l'heure de vérité, moment où les erreurs de gestions ne font plus de cadeaux. Bienvenue dans les affres de la CAP ! Avant de voter l'alignement sur les politiques de désengagement de l'État, pourvu qu'elle repense à Philippe Séguin ! Gageons que le député Alain Claeys, qui lui rendit hommage à l'assemblée nationale, puisse s'en souvenir...