En 2015, François Hollande c'est 900 euros de dette publique supplémentaire par français !
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11ème Chronique

Cantine de Poitiers : Alain Claeys très soupe au lait !

Kritix, le Wednesday 4 March 2009 - 5723 consultations - Commenter la chronique
Salle des échevins avec sa Marianne et sa photo officielle du chef de l'Etat, le 16 février 2009.
&coy; kritix.com

Le conseil municipal du 16 février 2009 battait son plein (voir le début de séance)... Le conseiller Stéphane Braconnier, « le document n'est pas tout à fait conforme à celui présenté tout à l'heure. On ne peut que saluer votre volonté de recréer des marges de manœuvres, contrairement à votre prédécesseur, même si vous ne prévoyez pas d'amélioration de l'épargne... Est-ce que le schéma directeur impacte sur les dépenses de fonctionnement [dont les dépenses de personnel] ? … Vous devrez assumer la politique de gel. Quid de la politique de subvention en matière culturelle, sportive ?... Les dépenses d'équipement : moins qu'en 2007, mais plus que l'an passé ». L'opposition municipale fut perclus de rage, très incisive, belliqueuse à l'endroit d'une majorité qui s'est enfin mise sur la bonne voie de la modération fiscale... Stéphane Braconnier parla haut et fort, « Les impôts, si je puis me permettre, on encaisse. On n'est très au-delà de 2008 ! Quant au désengagement supposé de l'État, on se perd dans une rhétorique de chiffres locaux et nationaux pour des choix locaux ! »

« Ce que vous découvrez, c'est que l'État assume ses engagements. », Stéphane Braconnier, conseiller UMP.

Alain Claeys n'y tenant plus coupa court à cette salve ininterrompue, « Quelle est la base retenue par l'État dans le loi de finances ? » Stéphane Braconnier agacé, piqué au vif, « Vous ne vous en tirerez pas comme ça ! Voilà la question... voilà la question ! » Alain Claeys s'amusa de l'embarras de son opposant UMP, en écoutant la suite de la charge, « L'augmentation des impôts locaux n'est pas justifié, car la DGF [Dotation Globale de Fonctionnement] évoluera autour de 1% : on est largement en-dessous alors qu'en 2009 l'État n'aura jamais autant investi en Poitou-Charentes, avec les 47,5 millions d'euros [déjà alloués]... la rénovation de l'UFR après 8 ans d'attente » Le conseiller socialiste Maurice Monange s'offusqua de la mauvaise foi de son collègue qui ignora sciemment que la droite tiens le pouvoir national depuis près de 7ans ! Le conseiller UMP Braconnier poursuivit, ignorant les réactions de la majorité, « Pour une fois que l'État s'engage dans les universités ! Ce que vous découvrez c'est que l'État assume ses engagements, Maurice [Monange] ! Vous instrumentalisez l'inflation [la majorité municipale l'utilise pour justifier la hausse des impôts locaux] : tendance naturelle à la pression fiscale... gardons-nous de cette tentation déficitaire ! »

Alain Claeys reprit la main, « l'association des maires de France a reconnu à l'unanimité le désengagement de l'État ! … La cité judiciaire, le LGV... Tous les collègues ne sont pas masos, mais connaissent les réalités... Je défends mes 3% de masse salariale car il y a des services publics à rendre : la police municipale, le ramassage des ordures... Chacun est amené à prendre ses responsabilités ; j'ai passé l'âge de raconter des histoires ! Le budget croît de 1,7%... Diminuer les dépenses courantes de fonctionnement sont des critiques normales à caractère un petit peu idéologique, c'est le jeu ! Les collectivités locales vivent une crise qui sera plus importante l'année prochaine et dans les années à venir ! »

Salle des échevins, le 16 février 2009.
© kritix.com

Le conseiller Aurélien Tricot, ironique, se voulut agréable au maire, « Stéphane Braconnier et Philippe Mahou, si vous voulez avoir plus que l'opposition, il vous faudra rendre hommage aux réussites ! » Alain Claeys rectifia amicalement avec délectation, « Tu t'exprimes à l'ensemble du Conseil ! » Sous-entendu : ne sur-réagit pas trop aux diatribes de l'opposition. Aurélien Tricot, sûr de son effet, poursuivit, s'adressant au professeur de droit Stéphane Braconnier, « Vous m'avez enseigné, à la faculté de droit, l'annualité des budgets de fonctionnement. » Le conseiller UMP n'apprécia guère l'allusion de l'ancien étudiant, jouant aujourd'hui à jeu égal avec son ancien maître... Par gestes de désapprobations, Stéphane Braconnier fit mouvements de ses mains qu'un moulin à paroles n'envierait pas. Le conseiller Tricot fut prit de balbutiements, brouillon. Peu mécontent, le maire le savait, mais le laissa partir au feu, le laissa s'aguérir ; A vouloir trop bien faire, le jeune conseiller s'encombra de lieux communs, du « déjà-dit » par ses condisciples. Aurélien Tricot mena loyalement sa barque, « 30 millions d'euros sur les voiries et les bâtiments publics municipaux qui appartiennent à tous les poitevins... quand on est de gauche, on peut en être fier ! Poitiers reste une cité où il fait bon vivre : [il faut] une homogénéité pour que Poitiers reste une ville solidaire. »

« Poitiers abaisse de 32% à 40% le prix du ticket de cantine scolaire », Alain Claeys, maire de Poitiers.

Alain Claeys chercha à parfaire sa défense, « Les remarques insidieuses faites à la démocratie représentative est ma seule limite... 53 élus intègres [l'ensemble du conseil municipal] qui font leur travail [en référence aux indemnités perçues] » Puis le maire mit un terme à la douloureuse première délibération en passant son chemin ; « Délibération n°2 ! », lança-t-il. Elle traitait de la modification du règlement des marchés à procédure adaptée (MAPA) et des accords cadres. Stéphane Braconnier s'abstint sur la délibération 2 qui « ne doit pas exister ! Non pas que je suis contre, mais que la question ne doit pas se poser... » Alain Claeys ironique « tu fais un bon travail ! Délibération n°4... Poitiers abaisse de 32% à 40% le prix du ticket de cantine scolaire pour que les enfants ne subissent pas les effets des économies de la crise... » Le conseiller Braconnier votera sans réserves ladite délibération. Avec un coût annuel de 110 000 euros par cantine. Le maire, soucieux de l'argent de la collectivité, « je veux savoir combien en seront bénéficiaires ! » Une conseillère rappela que le coût de revient d'un repas est de 8,47 euros, que les « sollicitations de gratuité, c'est nouveau... parfois ce repas subventionné est le seul vrai repas de la journée par enfant et par famille ! » ; Les comportements individuels sont symptomatiques de la conjoncture, de cette mutation socio-économique.

« Quand on est dans le global, on s'oppose ; quand on est dans le concret on est unanime ! », Alain Claeys.

Le conseiller modem Philippe Mahou s'en félicita, « C'est une bonne mesure que de réduire le ticket de cantine ». Le maire Alain Claeys considéra qu'il faudrait moduler un peu plus les aides en fonction des conditions de revenus de chacun des foyers, « une modulation de R1 à R3 est nécessaire, c'est une question de justice ! On se doit de limiter les problèmes de sous-alimentation et de répertoire alimentaire. Si on veut éval... Oui, Maryse ? » La conseillère Maryse Desbourdes intervint sur la gratuité. Affable (mais bon, il ne faudrait pas trop exagéré...), le maire lui répondit, « Au cas pas cas » Puis, il partit dans une envolée que nul ne vit venir, « Quand on est dans le global, on s'oppose ; quand on est dans le concret on est unanime ! Sur la dépense de fonctionnement utile [délibération cantine], il y a unanimité ! » Faussement naïf, avec un désabusement de circonstance, le maire souligna avec malice les contradictions de ses contradicteurs. Et de terminer par, « Et ce, malgré mes défauts... comme les vôtres ! » Rires de l'opposition, acquiescements devant l'évidence portée par une humilité entendue. Une sorte de réconciliation imposa ce temps d'arrêt qui soulage, qui délasse... Il était 20h15. Le maire courant après le bel œcuménisme, cherche à rompre avec certains usages et pratiques bien installées dans la durée : usages et abus de pouvoirs ne sont jamais très loin en l'absence d'alternance parmi les dépositaires de l'autorité publique.

Conseil municipal de Poitiers, le 16 février 2009.
© kritix.com

Le conseiller Aurélien Tricot fit son hommage, « Le service des sports, cheville ouvrière de Poitiers ! ». Le modem, par l'entremise du conseiller Maxime Huille, souligna « le rôle essentiel de la ville sur l'ANRU... » Le maire s'empressa de rectifier, « ce n'est qu'un avenant ! », histoire de relativiser... Le conseiller Huille, « très bien... » Alain Claeys conclut, après sa rectification et les remarques feutrées de Stéphane Braconnier, « très bien, c'est important... Il ne vous a pas échappé que nous sommes Exécutifs ! » Un conseiller de la majorité vanta la concertation qui eut lieu tout au long du programme ANRU... « L'équipe a changé mais on restera unique !... De nombreuses communes s'étonnèrent que Poitiers puisse démolir avec l'assentiment des habitants des quartiers visés... les relogements se font près des zones de chalandise... certaines personnes changeront de quartier pour appuyer la politique de mixité sociale »

« ça baisse le nombre de c...ds qui bloquent la circulation ! », Alain Claeys, au sujet de l'aménagement de la gare de Poitiers.

Le maire Alain Claeys souriant, « Attention sur [le terme] "unique"... », il s'arrêta complaisamment puis, « ...mais nous sommes bon ! » Alors que la bonne humeur de l'auto-satisfaction toute ironique commençait à s'étendre, l'opposition agita le chiffon rouge de la gare devant le maire dont le sang ne fit qu'un tour. Alain Claeys s'exclama, a la plus grande stupéfaction de Christine Sarrazin-Baudoux, très discrète première adjointe à sa droite sur la tribune, « ça baisse le nombre de c...ds qui bloquent la circulation ! Deux ou trois personnes qui font le foutoir... j'en ai chopé un l'autre jour ! Sur les défaillances de l'ascenseur, j'ai fait une note ». Le conseiller Braconnier se félicita de la prise de ce temps de la concertation en évitant de se précipiter sur un aménageur pour « Coeur d'Agglo ». Puis ne boudant pas son plaisir, d'une voix claire et tonitruante, parla de la gare sous le regard blasé du maire, genre on me la fait pas « Les problèmes de circulations à la gare ne sont pas un problème du dimanche soir. Espérons rattraper les erreurs commises [par l'équipe Santrot]... erreur de commerces qui ne se relèveront pas avec une nouvelle liquidation... »

Tandis qu'un doucereux modem eut énervé le maire, le conseiller UMP Stéphane Braconnier s'en alla faire sa pause, et c'est avec une nonchalance toute narquoise qu'il nargua en passant devant la tribune le maire qui le prit... bien... Fatigué, le premier Édile prononça mécaniquement, « Qui est contre ? Qui s'abstient ? Adopté ! Maurice Monange : la 13 ! » Comme réveillé, le conseiller vétéran de la majorité amusa ses collègues « je ne l'avais pas préparé ! », le maire sourit aussi, compréhensif, magnanime, bienveillant, lui qui avait fini par mesurer le poids de ses fonctions.

Alain Claeys stoïque, « Je souhaite que l'on continue à acheter des véhicules propres » avec le concours de financements régionaux. « La 20 ! » énonça-t-il, ailleurs, brusquement revenu au burlesque du quotidien... Cette délibération, c'est l'histoire d'un mec, habitant des Couronneries ayant chuté sur la voie publique à cause d'un « potelet » de 25 cm ! La responsabilité municipale est engagée. Devant l'extrême gravité de la situation, les élus se gaussèrent et votèrent le dédommagement du malheureux procédurier poitevin, à hauteur de 160 € TTC, pour le remplacement de ses verres de lunettes cassés... Bien entendu le maire commanda diligemment la modification dudit potelet pour que notre malheureux puisse le voir en marchant : être piéton c'est dangereux.

« Merci beaucoup », laissa-t-il échapper dans un dernier soupir... éteint... il était 20h45.


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