En 2015, François Hollande c'est 900 euros de dette publique supplémentaire par français !
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10ème Chronique

Perverse exception française !

Kritix, le Monday 21 October 2002 - 3750 consultations - Commenter la chronique

Déficits publiques français: la France fait bande à part officiellement depuis le 08/10/2002 ! Elle refuse de réduire le déficit de ses finances publiques à marche forcée au nom de la croissance et des dépenses militaires, au risque d'ouvrir une crise avec ses partenaires de la zone euro. Au terme de leur réunion la plus difficile depuis le lancement de l'euro, en janvier 2002, les ministres des Finances des Douze se sont séparés sans accord unanime sur le rythme de réduction des déficits malgré six heures de tractations. "Nous sommes encore dans une Europe où la politique budgétaire d'un État est encore sous son contrôle", a estimé le ministre français de l'Économie et des Finances, Francis Mer, en précisant que "chacun respire à son rythme".

La Commission européenne avait pris acte le 24 septembre du ralentissement économique - la croissance sera aux alentours de 1% en 2002 et de 2% en 2003 - en proposant de reporter de 2004 à 2006 l'échéance pour l'élimination des déficits publics. Cette concession avait été accueillie avec soulagement par les pays qui, comme le Portugal, l'Allemagne, l'Italie et la France, ont des déficits qui frôlent, voire dépassent, la limite de 3% du PIB prévue par le Pacte de stabilité de l'euro. Le gouvernement français a ainsi annoncé un budget 2003 qui prévoit de stabiliser le déficit à 2,6% du PIB, une performance qui "ne constitue pas réellement une amélioration", a noté l'Eurogroupe dans un communiqué. Mais l'exécutif européen avait assorti son offre d'une obligation de réduire le déficit structurel (qui mesure la détérioration hors conjoncture économique) de 0,5% par an. Les grands argentiers n'ont pas officiellement accepté de reporter l'échéance à 2006, notamment parce que de nombreux petits États membres, qui ont déjà atteint l'équilibre, ne voulaient pas donner cette satisfaction aux pays fautifs. "La question est: est-ce que nous respectons le Pacte de stabilité?", a demandé le ministre autrichien des Finances, Karl-Heinz Grasser, en rappelant que l'échéance 2004 avait été réaffirmée pas plus tard qu'en juin dernier, à Séville, par les chefs d'Etat et de gouvernement des Quinze. "Nous avons une décision à Séville, qui est 'proche de l'équilibre ou en excédent en 2004, et Jacques Chirac a pris cette décision aussi, comme Francis Mer qui était dans la salle", a-t-il ajouté en référence à cette réunion.

Le ministre grec, Nikolas Christodoulakis, dont le pays préside en ce moment l'Eurogroupe, a donc dû préciser lors d'une conférence de presse: "l'échéance 2004 reste la base légale" et le report à 2006 "n'a pas été accepté aujourd'hui". Mais cet objectif est désormais flottant, la Commission ayant annoncé qu'elle jugerait les performances de chaque pays non pas de manière rigide, mais selon le rythme de chacun. Tous les pays se sont également engagés à réduire leurs déficits structurels de 0,5% du PIB par an, mais la France a annoncé qu'elle ne le ferait qu'à partir de 2004 seulement. "Il y a un désaccord sur un point spécifique, c'est le moment à partir duquel on applique la réduction du déficit structurel", a déclaré le commissaire européen aux Affaires économiques et financières, Pedro Solbes. Francis Mer a justifié ce refus par la volonté de ne pas "casser la baraque" de la croissance, ce qui serait le cas si l'on effectuait des coupes trop brutales dans les dépenses, et par la nécessité de relever les dépenses militaires. "Cela veut dire que chaque pays a une situation différente", a-t-il déclaré en se voulant "pragmatique". Paris confirme ainsi son isolement au sein de la zone euro. Les promesses démagogiques de la campagne de Jacques Chirac pèsent de tout leurs poids au dépend de l'intérêt général de l'UE. Lionel Jospin avait à cet égard dit que l'augmentation des budgets militaires conduirait la France à ne pas respecter ses engagements communautaires; aussi s'était il refusé à augmenter les budgets du ministère de la Défense française. Jacques Chirac fit l'inverse, la France voit son crédit international décrédibilisé froidement, à juste titre par les membres de l'UE !

La Commission européenne, qui s'apprête à lancer la procédure dite d'"alerte rapide" à l'encontre de la France en raison de l'ampleur de son déficit en 2002 "dangereusement trop proche" de la limite fatidique de 3%, stigmatise surtout Paris. Si l'Allemagne flirte avec le seuil des 3% - il y a "un risque substantiel de dépasser" cette référence en 2003, selon le communiqué de l'Eurogroupe - ses partenaires attendent les mesures draconiennes annoncées par le gouvernement. L'Italie a annoncé la semaine dernière des mesures de réduction des dépenses qui lui permettraient de limiter le déficit à 1,5% du PIB en 2003, contre 2,1% en 2002, ce qui indique, selon l'Eurogroupe, une "claire amélioration". Enfin, le nouveau gouvernement portugais a annoncé une série d'économies qui devraient lui permettre d'atteindre 2,4% en 2003 après que les finances publiques du pays eurent pulvérisé la barre des 3% du PIB en 2001, à 4,1% du PIB. La France, qui fait l'objet de sévères critiques de la part de ses partenaires européens sur la conduite de sa politique budgétaire, annonce un nouveau dérapage du déficit du budget de l'État. Selon les derniers chiffres à fin août publiés par le ministère de l'Économie, le déficit budgétaire a fortement progressé en août pour s'inscrire à 47,78 milliards d'euros, contre 37,88 milliards pour la période correspondante de 2001. Sur les huit premiers mois de l'année, le déficit est supérieur à celui de 44,6 milliards annoncé par le gouvernement pour l'ensemble de cette année. A fin août, les dépenses de l'État ont augmenté de 3,4% à 180.130 milliards, après une augmentation de 3,6% à fin juillet. Les recettes ont pour leur part diminué de 1,6% à 148.450 milliards, soit un taux d'évolution identique à celui de juillet. "Les chiffres d'août confirment le dérapage des finances publiques", constate Laure Maillard, économiste chez CDC Ixis. Le gouvernement a déjà procédé à un gel des dépenses de l'État de quatre milliards d'euros pour limiter les déficits publics de la France à 2,6% du PIB, mais certains économistes estiment que la limite de 3% fixée par le pacte de stabilité qui lie les pays européens pourrait être atteinte cette année en raison d'une croissance plus molle que prévu.

Le gouvernement français qui tablait initialement sur une croissance de 1,4% a révisé ce chiffre à 1,2%. Un niveau qui reste encore supérieur à celui de 1% attendu par l'INSEE. Raffarin avait donc bien menti, affirmant début septembre que le déficit publique français ne dépasserait pas 2,6 % du PIB français ! Emmanuel Ferry, économiste chez Exane, souligne que si la croissance tarde à démarrer le déficit dérapera aussi en 2003 et dépassera l'objectif de 44,6 milliards fixé par le gouvernement. Le gouvernement français, qui a décidé diminuer à nouveau les impôts et d'augmenter les dépenses militaires en 2003 malgré la crise qui réduit ses marges de manœuvre, a refusé de s'engager à réduire plus rapidement le déficit de ses finances publiques, au risque d'ouvrir une crise avec ses partenaires de la zone euro. Au terme de leur réunion la plus difficile depuis le lancement de l'euro, en janvier 2002, les ministres des Finances des Douze se sont séparés sans accord unanime sur le rythme de réduction des déficits malgré six heures de tractations. La Commission européenne avait pris acte le 24 septembre du ralentissement économique - la croissance sera aux alentours de 1% en 2002 et de 2% en 2003 - en proposant de reporter de 2004 à 2006 l'échéance pour l'élimination des déficits publics. A Matignon et à Bercy, on estime que cet objectif sera plutôt atteint en 2007. Vive les rallonges de Raffarin le corruptible !


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