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8ème Chronique

Séguin lègue le Fillon de la discorde

Kritix, le Friday 29 January 2010 - 4585 consultations - Commenter la chronique

Philippe Séguin est mort le 7 janvier 2010. Philippe Séguin, maître d'un temps républicain. Image d'Épinal.
       Sous les ors des Invalides, le 11 janvier 2010, comme à son habitude le premier ministre François Fillon levant les yeux sous la voûte patriotique, laissa l'Étiquette tromper le candide ; mais dans l'enceinte sacrée, de candide il n'y en eut pas...

Derrière la pompe républicaine, le sourire en majesté de Philippe Séguin trônant au pinacle du sépulcre républicain, éclipsa la statue en pieds de l'Empereur. C'était un cortège d'invalides du gouvernement de France qui, piteusement, confusément, baissèrent la tête, s'inclinèrent devant la dépouille de l'égalité républicaine, devant la bonne conscience d'une droite française réellement œcuménique.
       La Cour des comptes était bien représentée derrière les dépositaires de la gabegie : ce qui n'aura pas manqué de faire ricaner le bon Philippe Séguin, ironique. Ironie d'un jour, ironie de toujours. Lui, que le président de la République, le cœur sec, comptait remplacer par une nomination bien plus docile... Sa mort souffleta une Sarkozie inculte.

Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa, président de la République française.
Kritix.com

Sous les ors des Invalides, alors que la France de Louis XIV, celle de Napoléon 1er, celle du maréchal Foch et celle de l'humble Clémenceau, veillait... Sous le dôme, un petit homme impopulaire lut un éloge funèbre [pdf] que Philippe Séguin aurait pu lui dicter. L'impopularité rendit hommage à la popularité... le petit homme, claudiquant, incrédule, lut avec application un texte juste, ciselé, qui dénonçait la politique menée par ledit petit homme.
       Il est à noter un mensonge de L'Élysée en ce que le discours ne fut pas prononcé dans la cour d'honneur, selon les règles qui président à la loi 1905, mais dans un lieu de culte ! Avec ce président de la République, on n'est pas à un dévoiement moral près ! C'est à ces petits riens que l'on mesure la sincérité d'un homme.

Ce que le président de la République taira ostensiblement, c'est que la veille de son passage de vie à trépas, le plus grand des présidents de la Cour des comptes que la France n'ait jamais connu, s'en prit vertement à la mauvaise gestion de la Maison France ; et attendit vainement. « Hier ici-même », dira le premier ministre rue de Varennes, pris par les sanglots longs d'un chagrin sincère frappé cruellement du sceau ironique de la Destinée.

Voici ici contée l'ironie séguiniste au lendemain d'un triste Varennes...
       La veille il faisait le siège d'un gouvernement autiste de la République ! Les manquements criants, patents, aux obligations républicaines du gouvernement de France, coururent bruyamment les coursives de Matignon ! La justice française muselée ! Le président de la Cour des Comptes était ainsi venu réclamer à ce que « les ministres reconnus coupables d'erreur de gestion soient déclarés comptables sur leurs deniers personnels » (dixit le « Canard Enchaîné » du 13 janvier 2010) dans un projet de loi que la Sarkozie rejètera comme un seul homme... de parjure ! Philippe Séguin dira de sa réforme, toujours au « Canard Enchaîné », peu avant sa disparition, « Quand un haut fonctionnaire fait des conneries, il peut être sanctionné. Et pourquoi pas un élu ? Ils ont peur de quoi ? Des électeurs ? »

De battre, le cœur de la République s'arrêta ; le spasme d'une éternité... après que la droite française eut perdu l'une de ses belles consciences. Philippe Séguin n'eut de cesse de chérir les français et la France... La méritocratie était pour lui le signe d'une République française authentique ! La République lui rendit tous les honneurs, cour d'honneur des Invalides, devant des autorités qui eurent mieux fait de lui laisser la place... La médiocratie ne douta pas comme lui...

François Fillon, la salamandre.
       François Fillon, l'amour contrarié.
       François Fillon, la contrariété d'un séguiniste de cœur.

La mauvaise conscience sarkozyste jetant l'anathème sur l'âme suppliciée d'un premier ministre : les larmes de l'ironie séguiniste n'en finissait pas de couler... sur des principes floués.

Philippe Séguin, né le 21 avril 1943 à Tunis et mort le 7 janvier 2010 à Paris, haut fonctionnaire et homme politique français.
Montage Kritix.com

Enfermé dans le Doute, les Indignations séguinistes, François Fillon plie mais ne rompt pas sous la férule de ce qu'il considère être la Raison d'État. Ce qui est son droit... Philippe Séguin se moqua si souvent de cette posture de la mauvaise conscience.
       Torturé par l'adieu qu'il ne put adresser à celui qui l'accompagna en politique, François Fillon laissa la religiosité au président de la République. En grand deuil, il assuma dignement sa responsabilité du gouvernement d'une France réconciliée ; construction séguiniste que l'héritier Fillon n'oublierait plus dans ses décisions tant que lui, premier ministre, resterait en fonction. Là encore, Philippe Séguin eût ironisé à souhait...

» François Fillon préfère la Vertu au sarkozysme

Son discours-hommage, cet éloge funèbre à l'Assemblée Nationale résonna contre les colonnes du temple de la République... comme un coup de semonce, comme le glas du sarkozysme. Même si le premier ministre met en musique le sarkozysme au nom d'un devoir républicain dont Séguin sut railler la fourberie, l'éclat du Verbe des Lumières suffit pour unir la patrie ; suffit pour glacer les arrivistes et affairistes que la Chose publique exècre.

François Fillon, la voix tremblante, le 12 janvier 2010, faisant l'éloge de Philippe Séguin dans un Palais Bourbon encore marqué par son aura, devant une Représentation nationale émue, « Il ne fut ni l'homme de la droite, ni celui de la gauche, mais l'homme de la République. »

François Fillon combattant frontalement le président de la République française Nicolas Sarkozy de Nagy-Bocsa par le Verbe des mémoires de Philippe Séguin, « Contre les émotions instantanées sur lesquelles joue la médiacratie, le discours cherche à réintroduire le temps long de l'argumentation raisonnée. Contre la réduction des hommes au statut de consommateur par la sondocratie, il cherche à s'adresser au citoyen. Contre le conformisme propre à la tyrannie cathodique, il cherche à réintroduire la contradiction. »

Merci monsieur le Premier Ministre d'avoir prononcé cette noble pensée républicaine : elle se fait si rare ces temps-ci. Vous avez été, citoyen François Fillon, digne et droit. Vous n'avez pas été grotesque tel le président de la République qui prononça un éloge funèbre qui stigmatisait le sarkozysme aux Invalides !
       Vous avez été, monsieur le Premier Ministre, respectueux de la Mémoire de Philippe Séguin, à la différence d'un Élysée dévoyé. Vous avez fait preuve de courage politique en obligeant les Ultras du Libéralisme écervelé à s'incliner devant son autorité. Votre amende honorable fut somptueuse. Philippe Séguin a dû vous faire, en la circonstance, les gros yeux et de sa voix caverneuse, rejeter derechef le superflu, séparer le bon grain de l'ivraie.

François Fillon, premier ministre français depuis le 17 mai 2007.
Montage Kritix.com

Vous avez choisi, monsieur le Premier Ministre, de servir l'État dans l'ombre de politiques stigmatisées par Philippe Séguin : c'est une vision légitimiste. C'est votre droit. Cependant, pour la France, faites infléchir cette délinquance financière constituée tant par le déficit budgétaire que par la dette exponentielle que votre gouvernement prodigue, dans le giron décadent de l'absolutisme élyséen!

Philippe Séguin rejoint Mendès France dans le Panthéon de la méritocratie française. François Fillon, vous qui savez donc ce que République veut dire, servez la Mémoire de Philippe Séguin, plutôt que les politiques d'égarements que le Président de la République vous impose!

Philippe Séguin, français des Lumières, nous te saluons !

ANNEXE

       Éloge funèbre à Philippe Séguin par Nicolas Sarkozy de Nagy-Bocsa, Président de la République française, le 11 janvier 2010 (pdf) [ici]

Éloge funèbre à Philippe Séguin par François Fillon, Premier Ministre de la République française, le 12 janvier 2010 à l'Assemblée Nationale [ici]
      


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