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5ème Chronique

OTAN en emporte le fauconnier Bush !

Kritix, le Monday 17 February 2003 - 4173 consultations - Commenter la chronique

De Villepin, bénie sois-tu ! Toi, ministre des affaires étrangères te saluons et louons tes bonnes grâces venues tout droit de ton discours à l'ONU ! Ton courage honore autant la présidence Chirac que "l'aura France universelle", celle de la déclaration universelle des droits de l'Homme et du citoyen ! Chirac entre dans la Grande Histoire, pour ce qui est de la politique étrangère... La France va jusqu'à protéger l'Amérique le 16 février 2003, où, dans un interview accordé au Time Magazine, Jacques Chirac estime qu'une guerre en Irak risquerait de renforcer le terrorisme. Cela pourrait susciter "des vocations pour un grand nombre de petits Ben Laden", a déclaré le président français, réaffirmant que les inspections en désarmement doivent se poursuivre en Irak. Les chiens-chiens Blair, Berlusconi et Aznar ne frétillent plus de la queue depuis que la mondialisation s'est fait jour le 15 février 2003 avec l'originalité protéiforme qu'on lui connaît, en une manifestation planétaire de 10 millions de citoyens du monde opposés à la guerre en Irak ! Pour ceux qui aurait oublier, le Peuple pense, aussi... "L'usage de la force ne se justifie pas aujourd'hui" en Irak, a affirmé le ministre français des Affaires étrangères Dominique de Villepin, avant de proposer au Conseil de sécurité de l'ONU un "nouveau rendez-vous le 14 mars".

Après le rapport présenté séance tenante le 14 février 2003, par les inspecteurs en chef Hans Blix et Mohamed El-Baradeï, "la France propose un nouveau rendez-vous le 14 mars au niveau ministériel pour évaluer la situation. Nous pourrons alors juger des progrès effectués et de ceux restant à accomplir", a déclaré le ministre français. Mais pour l'heure, "il y a une alternative à la guerre: désarmer l'Irak par les inspections", a-t-il réaffirmé. Il faut "donner la priorité au désarmement dans la paix", a déclaré M. de Villepin, dont le discours a été rédigé en étroite concertation avec le président Jacques Chirac. D.d.Villepin a longuement mis en garde contre les dangers d'un "recours prématuré à l'option militaire" qui "serait lourd de conséquences", d'autant qu'elle "remettrait en cause l'unité" de la communauté internationale. "Une telle intervention pourrait avoir des conséquences incalculables pour la stabilité de cette région meurtrie et fragile", a-t-il prévenu. Dès lors, elle "ne saurait être envisagée qu'en dernière extrémité". Et ce d'autant plus que "les inspections donnent des résultats", a-t-il noté, en soulignant notamment que "des progrès réels commencent à apparaître" au niveau de la coopération irakienne. Néanmoins, "des questions doivent être encore élucidées", a-t-il reconnu. "Nous devons maintenir une forte pression sur l'Irak pour qu'il aille plus loin dans la voie de la coopération". D.d.Villepin a ainsi appelé Bagdad à "fournir une liste détaillée des experts ayant assisté en 1991 aux destructions des programmes militaires". Il a également rappelé les "propositions" faites par Paris le 5 février dernier pour renforcer les inspections. Des "propositions pratiques et concrètes qui peuvent être mises en oeuvre rapidement" et "qui ne nécessitent (...) aucune nouvelle résolution du Conseil", a-t-il souligné. Car, aux yeux de la France, "c'est bien dans (un) scénario d'échec des inspections, et dans ce cas seulement, que pourrait se justifier une seconde résolution". Répondant à ceux qui demandent combien de temps il faudrait encore donner aux inspecteurs onusiens, le ministre français a simplement répondu que "personne ne peut affirmer aujourd'hui que le chemin de la guerre sera plus court que celui des inspections". Pour lui, "l'option de la guerre peut être a priori la plus rapide. Mais n'oublions pas qu'après avoir gagné la guerre, il faut construire la paix" et "cela sera long et difficile".Face à cette perspective, "il y a l'alternative offerte par les inspections" et "au bout du compte, ce choix-là n'est-il pas le plus sur et le plus rapide?", s'est-il demandé. "Donnons aux inspecteurs des Nations unies le temps nécessaire à la réussite de leur mission".

Alors que Paris est de plus en plus critiqué par Washington, le ministre français s'est défendu de toute "complaisance" à l'égard du régime irakien, en rejetant les accusations de "manœuvre de retardement visant à empêcher une intervention militaire". "Aucun d'entre nous n'éprouve la moindre complaisance à l'égard de Saddam Hussein", a-t-il affirmé. L'objectif "commun" est bien le désarmement de l'Irak et cela "ne doit laisser place ni aux arrières pensées ni aux procès d'intention", a-t-il averti. "Nous continuerons ensemble à faire pression sur Bagdad pour obtenir plus".Evoquant en particulier les liens présumés entre Al-Qaïda et Bagdad, il a néanmoins noté que, "en l'état actuel de nos recherches et informations menées en liaison avec nos alliés, rien ne nous permet d'établir des liens". En tout état de cause, "la France l'a toujours dit: nous n'excluons pas qu'un jour il faille recourir à la force" en cas d'échec des inspections. Mais "rien (...) ne sera le fait de la précipitation, de l'incompréhension, de la suspicion ou de la peur". Et de conclure, dans une allusion aux propos tenus par Donald Rumsfeld sur la "vieille Europe": "C'est un vieux pays, la France, d'un vieux continent comme le mien, l'Europe, qui vous le dit aujourd'hui, qui a connu les guerres, l'occupation, la barbarie" et qui "sait tout ce qu'il doit aux combattants de la liberté venus d'Amérique et d'ailleurs". La fin du discours de Dominique de Villepin a été saluée par des applaudissements, ce qui est très rare au sein du Conseil de sécurité.

Ce coup diplomatique fut précédé d'un autre, qui n'en fut pas moins historique ! La France, l'Allemagne et la Belgique ont rejeté le 11 février 2003 les solutions de compromis proposées par l'Otan pour l'envoi d'une aide à la Turquie en cas d'attaque de l'Irak, aggravant encore la crise entre alliés. C'est la première fois de l'Histoire de l'OTAN que les USA voient leurs ambitions contrées par des partenaires auparavant très dociles pour servir les intérêts américains... L'unilatéralisme américain en a pris un coup, la partition géostratégique du Monde est donc en pleine mutation ! Après une journée d'intenses consultations, les ambassadeurs de l'Alliance se sont réunis dans la soirée pour constater que les trois pays campaient sur leurs positions en refusant ce qu'ils estiment être une logique de guerre américaine. "Pour ces trois pays, le temps n'est pas encore venu de prendre une décision", a déclaré le porte-parole de l'Otan, Yves Brodeur, en soulignant que le débat ne portait pas sur l'opportunité d'aider la Turquie en cas d'attaque, mais sur le calendrier: "La question n'est pas si, mais quand." Une nouvelle réunion devrait avoir lieu jeudi, mais les diplomates doutent que ce soit utile avant la présentation du rapport des inspecteurs en désarmement de l'Onu.

La France, qui reste suivie par l'Allemagne et la Belgique sur ce dossier malgré les tentatives de diviser le front du refus, a opposé une fin de non-recevoir très nette aux propositions de compromis présentées dans la matinée par le secrétaire général de l'Otan, George Robertson. "Notre position n'a pas changé", a déclaré François Rivasseau, porte-parole des Affaires étrangères françaises. "Nous ne pouvons pas, à travers une décision de l'Otan, donner aujourd'hui a priori notre appui à une intervention armée en Irak et préjuger ainsi des décisions qui relèvent du Conseil de Sécurité", a-t-il ajouté lors d'un point de presse. Plutôt que de convoquer une nouvelle réunion jeudi, ce qui ne ferait qu'étaler en public les divergences, l'Otan devrait décider d'attendre "que les circonstances changent", a estimé un responsable allié en référence à l'échéance de vendredi. L'ambassadeur américain auprès de l'Otan, Nicholas Burns, qui évoquait au début de la semaine une solution dans les 24 heures, a paru abandonner l'espoir d'une décision rapide. "Cela pourrait prendre du temps pour parvenir à une décision", a-t-il expliqué à quelques journalistes.

La France, la Belgique et l'Allemagne avaient opposé le 11 février 2003, leur veto à une série de mesures qui, selon elles, donnerait le signal que l'Otan se prépare d'ores et déjà à une guerre alors qu'ils veulent au contraire renforcer les inspections de l'Onu en Irak afin de désarmer ce pays de manière pacifique. On y trouvait l'envoi en Turquie d'avions de surveillance Awacs, de batteries de missiles antimissile Patriot et d'unités de combat contre la guerre chimique et biologique. Les militaires britanniques actuellement présents dans les Balkans qui seraient envoyés dans le Golfe seraient remplacés par des troupes de l'Otan, et les Européens assureraient la protection des bases américaines en Europe. Devant le refus du trio de pays récalcitrants, George Robertson a proposé de limiter l'aide à la Turquie à des moyens "défensifs", a expliqué son porte-parole, Y.Brodeur. L'Otan se contenterait d'envoyer des avions Awacs, des batteries Patriot et des moyens de lutte contre la guerre bactériologique et chimique vers la Turquie. "Mais le signal politique qui serait envoyé reste problématique pour les trois capitales", a déclaré un diplomate pour expliquer leur refus de s'engager dans ce sens.

Il s'agit en effet avant tout d'une question de "timing". Les Etats-Unis voulaient parvenir à un accord avant vendredi afin d'obtenir l'envoi de moyens précieux - les Awacs pourraient guider l'avancée des troupes américaines en Irak - avant la présentation du rapport des inspecteurs. Les "Trois" comptent en revanche sur un rapport relativement positif de Hans Blix, chef de la Commission de contrôle, de vérification et d'inspection de l'Onu (Unmovic), et Mohammed El Baradeï, le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), ce qui pourrait radicalement changer la donne. Ces pays espèrent que les propositions franco-allemandes de renforcement des moyens des inspecteurs, qui sont appuyées par la Chine et la Russie, deux membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu, recevront bon accueil à l'Onu. Selon des diplomates, l'attitude de la France, qui est également un membre permanent du Conseil, est centrale pour la cohésion des "Trois", qui n'a pas faibli jusqu'à présent. Faute d'accord entre les 19 pays de l'Otan, les moyens de défense, comme les batteries Patriot, devraient être fournis de manière bilatérale à la Turquie par les Etats membres. "Si cela ne peut être fait collectivement, alors un certain nombre d'alliés, et particulièrement les Etats-Unis, assureront la défense de la Turquie," a expliqué un diplomate allié. Dans les couloirs, les responsables de l'Otan ne cachaient pas la gravité de cette crise pour une organisation déjà déstabilisée par la fin de la Guerre Froide. Les Etats-Unis, qui avaient négligé l'Otan lors de la guerre en Afghanistan, risquent encore plus de s'éloigner d'une Alliance qui, depuis la guerre du Kosovo, leur lie les mains beaucoup plus qu'ils ne le souhaiteraient.

Siège de l'OTAN à BruxellesLe Premier ministre belge, Guy Verhofstadt, a déclaré le 15 février 2003 que son pays avait l'intention de faire des propositions pour dénouer la crise portant sur la fourniture par l'Otan d'une aide militaire à la Turquie pour la protéger en cas de guerre en Irak. Le refus de la France, de l'Allemagne et de la Belgique de s'engager dans ce qu'elles estimaient être la logique de guerre américaine, avant même que les inspecteurs en armement de l'Onu ne remettent, vendredi dernier, leur rapport au Conseil de sécurité, a plongé l'OTAN dans une crise sans précédent. "Ce que notre pays veut avant tout empêcher c'est que cette décision constitue un premier pas" dans les préparatifs de guerre, a déclaré Verhofstadt lors d'une conférence de presse. C'est pourquoi il doit être implicitement clair dans cette décision qu'elle n'induit pas d'implication de l'Otan dans une opération militaire contre l'Irak, a-t-il poursuivi. Les choses sont dites, mais pas la messe diplomatique ! Surtout quand le très chrétien Tareck Haziz, le premier ministre de Saddam Hussein, va se recueillir sur la sépulture de Saint François d'Assise, après une visite officielle au Vatican, alors que De Villepin faisait son discours fleuve à l'ONU... Alors que Saddam Hussein faisait entériner un décret interdisant la présence de toute arme de destruction massive en Irak... L'enragé Bush enrage, Rumsfeld fulmine, Powell boude ! Et le concert diplomatique repart de plus belle avec les 10 millions d'opposants à la guerre, de ce mémorable élan pacifique, du samedi 15 février 2003...


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