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2ème Chronique

BAM !!! l’Iran se ramasse... à la pelleteuse !

Kritix, le Saturday 3 January 2004 - 4568 consultations - Commenter la chronique

L’Iran tremble: sa mémoire se dérobe... 2000 ans d’Histoire repris par la Nature ! Un effroyable séisme de 6,8 sur l’échelle de Richter a frappé l’ancienne Perse : l’antiquité souffre du temps quand ce n’est pas du contemporain obscurantisme religieux. Citadelle historique Arg-e-Bam qui était sur le point d’être inscrite au patrimoine mondial historique de l’UNESCO. Le 26 décembre 2003, un violent séisme (le plus violant depuis 1998) a fait près de 35 000 morts dans le sud-est iranien dans la ville antique de Bam, lieu de l’épicentre et sa région (200 000 habitants, dont 90 000 dans la cité) , à 1 000 kms au sud-est de Téhéran.

Selon le Centre de géophysique de l'université de Téhéran, le tremblement de terre s'est produit à 5h28 (1h58 GMT, 2h58 à Paris) à 180 km à l'est de la ville de Kerman ; à la suite duquel a succédé plusieurs répliques. Le bâti local se constitue d’argile et de paille et ne peut donc pas résister aux secousses telluriques. Désormais réduite en poussière après ce cataclysme, la touristique et antique ville de Bam, avait été restaurée quelques années plus tôt à grands frais par l’Iran, servait de haut lieu pour la manne touristique, en rappelant le prestige de la mythique « route de la soie ». La ville aux 2 000 ans, n’avaient plus ses habitants depuis 50 ans : une ville nouvelle s’était développée à l’entour : une Bam 2 en quelque sorte. L’intérêt du site était plus architectural et éthnologique qu’historique : le temps semblait s’être arrêté malgré les ravinements. Contre l’érosion, seuls les autochtones auraient pu durablement consolidé les ouvrages : une cité-musée, au dépaysement assuré, ne peut durer sans le bon sens structurel du Matériau. La ville est aujourd’hui à l’état de poussière, un souvenir ; faute d’avoir respecté pour la ville nouvelle, les lois architecturales élémentaires de normes anti-sismiques : les briques de terre cuite de Bam sont tombées en poussière, ce qui a laissé peu de poches d'air permettant à des rescapés de tenir bon.

Face aux ravages de ce coup du Sort, l’Iran fit appel à l’aide internationnal qui sut répondre promptement et fut à la hauteur. Cette situation d’urgence a balayé d’un coup le corollaire politique de ce pays de « l’axe du Mal ». Nul visa ne fut requis pour les secouristes : les américains furent même reçus avec envie et sans visas : bienvenus ils furent ! Alors que le président US Bush junior considère ce pays comme terroriste, il lève provisoirement les sanctions internationales, malgré la rupture diplomatique entre les deux pays, depuis 1980. Aussi une suspension temporaire et partielle des US sanctions financières imposées depuis plus de vingt ans à l'Iran, facilite l'envoi d'aide humanitaire US. Cette décision a fait l'objet d'un décret des départements d'État et du Trésor qui autorise durant trois mois les Américains à faire des dons en dollars destinés à l'Iran. Selon les règlements actuels supervisés par le département du Trésor, il est illégal pour les Américains d'effectuer des transactions en dollars avec l'Iran. Le décret pris permettra aussi aux personnels des organisations humanitaires non gouvernementales (ONG) américaines de se rendre en Iran sans autorisation spéciale de la part de Washington.

Le président US Clinton « le pacifiste », considérait l’Iran comme un « état voyou », ce que sa ministre francophile des affaires étrangères US de l’époque, Madeleine Allbright avait confirmé. Aujourd’hui, le président iranien Khatami a cependant coupé court à l'idée d'une reprise de dialogue tandis que son ministre des Affaires étrangères, Kamal Kharazi qualifiait de " positive " cette suspension tout en réclamant " une levée définitive et totale " des sanctions qui " créerait un nouveau climat ", selon lui, entre Téhéran et Washington.

« Nous nous tenons prêts à aider le peuple iranien », a déclaré G.W.Bush. Etat de grâce humanitaire, voici ce que l’on se surprend à constater... Curieux stimulus diplomatique où « l’axe du mal » de Bush junior recule devant « l’axe humanitaire ». Rappelons que les USA ( il s’y trouve une importante communauté de la diaspora iranienne) ont besoin de pacifier le Proche-Orient, au moment où ils ne voient pas comment se sortir du bourbier irakien... Remarquons que l’approche diplomatique US équivaut à celle d’Israël pour ce qui a trait à l’actuel régime iranien... tout comme il en est de l’Irak. Israël, une base-arrière proche-orientale-US ? Le menu peuple iranien opposé aux mollahs ne voit pas d’un mauvais œil, l’arrivée du « gendarme du Monde », même si il aurait préféré la neutralité de l’ONU, où la communauté internationale est équitablement assemblée. En Iran, résister au régime des mollahs, c’est être pro-US : voilà le pourquoi du chaleureux accueil parmi les familles des victimes.

Mais iatus il y eut ! En effet, Israël fut humilié par l’orthodoxie islamique de Téhéran. Après avoir adressé ses condoléances au peuple iranien et non au régime de Téhéran, Tel Aviv s’est vu refusé l’accès sur le sol d’Iran ! Il faut savoir que Israël considère officièlement le régime des mollahs de Téhéran comme son ennemi le plus implacable et une menace pour son existence. En conséquence, l’Iran a accepté l’aide de tous les pays étrangers après le séisme qui l’a frappé, mais a refusé celle d’Israël. L’absence de relations diplomatiques et l’antisémitisme des mollahs, entre ces deux capitales a donc eu « force de loi ».

Mais pourquoi donc cette fatalité tellurique ? L’explication de ce phénomène provient des fonds océaniques, ayant permis la démonstration des effets de la « tectonique des plaques » : soit le phénomène de subduction où le sous-continent indien vient sous la plaque eurasienne. La zone de subduction traverse l’Iran, qui à chaque secousse traumatise tout ce qui y est présent. D’abord distante, voici quelque 70 millions d’années, de près de 7 000 kms de la future Eurasie, l’Inde, dans cette lente dérive continentale, s’en est rapprochée insensiblement, pour entrer en contact avec le continent situé au Nord. Depuis 40 millions d’années, l’Inde exerce vers l’Eurasie une régulière poussée, même si elle s’est ralentie à 5 cms par an aujourd’hui, cette avancée est suceptible de provoquer à tout moment des chocs et ou « secousses telluriques » d’une rare violence.

La survie sous les gravats ne dépassant généralement pas 72 heures, le 30 décembre 2003, les sauveteurs cèdent la place aux bulldozers pour retrouver les cadavres dont le pourrissement pourrait favoriser la propagation d'une épidémie.! Les corps sont jetés dans des tranchées creusées à la hâte. Dans ces fosses communes, 20 000 cadavres ont déjà été enterrés, à Bam et dans sa région. Le temps manque pour les laver, comme l'exige la tradition musulmane, alors ils sont simplement arrosés de désinfectant. Le chef de l’état et « réformateur » iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, le guide suprême de la révolution islamique, s’est rendu à Bam où les forces de l’ordre avaient repris le contrôle de la situation après les scènes de pillage de la veille. « Nous allons reconstruire Bam dans les deux ans, mais cette fois-ci plus solidement », a-t-il promis.

Téhéran fut dépassée par les évènements et perdit un temps précieux en coordonant très mal l’aide humanitaire des ONG (médecins du monde et croix rouge internationnale) et les secours de la solidarité internationale (pays souverains). En attendant, les autorités ont annoncé la mise en place de deux camps pour héberger les rescapés qui risquent de passer de nombreux mois sous les tentes, avec le zéro degré des actuelles nuits iraniennes. Il faudra tout raser et tout reconstruire : 15 000 maisons particulières, des bâtiments officiels et administratifs. Des experts estiment d’ores et déjà à 150 millions d’euros le coût total de la reconstruction des seules maisons particulières... le financement sera périlleux...

Un géologogue, expert occidental, fait remarqer que la capitale iranienne Téhéran se trouve sur une zone sismique particulièrement sensible. Or, la réglementation anti-sismique pour ce qui est du bâti est inexistante ! Selon les hypothèses les plus sérieuses, on pourrait s’attendre à 100 000 morts pour un séisme de même type que celui de la ville de Bam... les corps morts se ramassent à la pelle...teuse ! L’Iran cherche son deuil... Poussières, nous ne sommes que poussières...
      


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