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2ème Chronique

Le VISA'ge Chiraquien sur le raï algérien !

Kritix, le Monday 10 March 2003 - 12680 consultations - Commenter la chronique

Les Vivats, les Visas... Une visite d'Etat historique en Algérie, voilà ce que Jacques Chirac a entrepris en appelant de ses voeux une "relation forte, confiante et sereine" entre Paris et Alger qui, sans occulter le passé, dessinerait un avenir commun pour les deux partenaires. "Nous sommes à l'un de ces moments-clefs de l'Histoire où deux nations, unies par des liens étroits, singuliers, charnels, qui se sont aimées et déchirées, se retrouvent pour célébrer, enfin, des retrouvailles longtemps différées", a déclaré le président français dans une interview aux quotidiens algériens El Watan et El Khabar. "La guerre d'Algérie est une page douloureuse de notre histoire commune, que nous ne devons ni ne pouvons occulter. Les victimes, toutes les victimes, ont le droit au respect", souligne-t-il. "Mais évitons les visions simplistes, manichéennes. Laissons les historiens travailler pour aboutir, si possible, à un regard objectif et croisé sur cet épisode tragique de notre histoire commune", poursuit-il, défendant un nécessaire "travail de mémoire". Cette visite d'Etat de trois jours au cours de laquelle il a signé avec Abdelaziz Bouteflika une déclaration politique commune visant à renforcer la coopération bilatérale dans tous les domaines. "Ce qui m'anime, c'est une volonté d'aller de l'avant, d'aller encore plus loin, de passer à l'action, sans oublier notre passé commun, qu'il nous faut assumer ensemble", souligne-t-il. La France, précise-t-il, marque à l'occasion de cette visite son "engagement à construire avec l'Algérie une relation forte, confiante et sereine". "Le temps est venu de renforcer et de nourrir encore davantage" le dialogue politique bilatéral et de soutenir plus avant les réformes algériennes, estime-t-il. "Car la France a foi en l'avenir de l'Algérie. (...) Pour préparer ensemble cet avenir, nous allons faire de nouveaux efforts pour accompagner l'Algérie sur le chemin de la réforme et de la modernisation", explique-t-il, indiquant que l'accent serait mis sur la formation et l'éducation. Ce "nouvel élan" se traduira sur le plan économique par le renforcement de la présence des entreprises françaises en Algérie, "qui expriment elles-mêmes leur confiance dans l'avenir de l'Algérie". La France est le premier partenaire commercial de l'Algérie, le premier investisseur étranger, hors secteur des hydrocarbures, et le premier fournisseur du pays. Jacques Chirac prévient que le rythme des investissements restera lié à "la mise en oeuvre effective des réformes". "Je suis heureux des pas accomplis dans ce sens, tout en souhaitant que cela se poursuive et s'amplifie", dit-il. Le président français exprime l'espoir que l'Algérie, où 100.000 à 200.000 personnes ont été tuées depuis 1992 dans des actes de violence impliquant civils, islamistes armés et forces de sécurité, "tourne cette page tragique de son histoire et retrouve les voies de la paix, de la sécurité et de la prospérité". Il ajoute que la France "refuse tout amalgame absurde entre Islam, monde arabe et terrorisme". Il juge en outre que l'amélioration de la circulation des personnes entre les deux pays participe du processus de "refondation" franco-algérien. Sur la question sensible des visas accordés aux Algériens, Jacques Chirac souligne que leur nombre a considérablement augmenté et "qu'il n'y a jamais eu aucun quota" pour leur attribution. Au total, 183.000 visas ont été délivrés en 2002. La porte-parole du président français, Catherine Colonna, a toutefois précisé que "les attentes des Algériens vont parfois au-delà de ce que l'on peut faire". J.Chirac précise en retour que la France attache "une grande importance" à ce que les harkis, les supplétifs algériens qui ont combattu aux côtés des forces françaises durant la guerre d'Algérie, "puissent se rendre en Algérie dans la dignité". Le chef de l'Etat réaffirme en outre la détermination de la France à lutter contre l'immigration clandestine "pour assurer au mieux l'intégration des immigrés légaux".

Une déclaration de partenariat franco-algérienne historique, point d'orgue d'une hésitante réconciliation engagée depuis 2000, a marqué la visite d'Etat de J.Chirac en Algérie, pays avec lequel la France partage une relation "lourde de passion et de douleurs partagées"."Nous avons une histoire commune avec ses ombres et ses déchirures, mais aussi avec ses pages de vie heureuse. (...) Mais le temps est venu, nous semble-t-il, avec l'amitié et la confiance retrouvées, de regarder l'avenir et de le regarder avec sérénité, de se voir enfin en vrais partenaires", a résumé C.Colonna. La visite de J.Chirac, qui a débuté à Alger et qui s'est achevée à Oran (ville-symbole des pieds-noirs et dernière étape de sa visite) sur trois jours, est protocolairement la plus importante d'un dirigeant français depuis l'indépendance de l'Algérie en 1962. Valéry Giscard d'Estaing s'y rendit en 1975, François Mitterrand en 1981, en 1987 et 1989. Ce voyage sous haute surveillance, émaillé de gestes symboliques tels que la remise du sceau du dey d'Alger à Abdelaziz Bouteflika, se veut un tournant dans l'histoire troublée franco-algérienne, "un nouveau chapitre" que Paris souhaite écrire à l'aune d"une relation forte et exigeante, fondée sur la confiance, l'amitié et la solidarité". "Il s'agit de construire une relation sereine, par-delà les humeurs du moment", avait souligné Dominique de Villepin en décembre dernier à Alger, évoquant un destin commun "lourd de passion et de douleurs partagées". La normalisation entamée lors de la visite à Paris d'Abdelaziz Bouteflika, en juin 2000, s'est vue couronnée d'une déclaration de partenariat toute gaullienne, sur le modèle de la déclaration d'amitié franco-allemande du 22 janvier 1963. Elle a été signée à Alger. Ce texte prévoit l'approfondissement du dialogue politique, avec notamment une rencontre annuelle des chefs d'Etat français et algérien, un renforcement de la coopération, le développement des relations économiques et "l'amélioration de la circulation des personnes", dont l'épineuse question des visas.

Dans le cadre de la coopération économique, la France entend marquer son appui aux réformes algériennes en consentant une aide de 95 millions d'euros pour l'amélioration de l'habitat, l'eau et le secteur bancaire. Outre sa dimension bilatérale, la visite de J.Chirac revêt une signification diplomatique toute particulière en regard de la crise irakienne. Le président français, salué dans le monde arabe pour son bras de fer pacifiste avec les Etats-Unis, a profité de l'occasion pour rappeler la nécessité du "dialogue des cultures" et du respect du droit international. Le moment est politiquement opportun pour Abdelaziz Bouteflika, déjà en pré-campagne pour l'élection présidentielle de 2004, date à laquelle il briguera un second mandat après son élection controversée du 15 avril 1999. La venue de J.Chirac, qui suscite curiosité enthousiaste et attentes chez les Algériens, intervient en effet dans un contexte délicat pour le président algérien, confronté à une rare grogne sociale. A l'appel de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), les débrayages se sont multipliés en février en signe de protestation contre le programme gouvernemental de privatisations et un projet de loi sur les hydrocarbures, secteur stratégique qui représente plus de 95% des recettes en devises du pays. Le mouvement citoyen de Kabylie, entrée en dissidence depuis la mort d'un jeune lycéen en avril 2001 dans une brigade de gendarmerie, fait lui aussi entendre sa voix. Le comité des villages de Kabylie (Aarouchs) a manifesté à Alger à l'arrivée de J.Chirac. Car par-delà l'événement, dont le lustre occulte quelque peu "ce qui fâche", l'Algérie subit encore les soubresauts de la "décennie noire" (1992-2002), entre répression et violence terroriste.

Douze personnes ont été tuées mardi dernier à une quarantaine de kilomètres à l'ouest d'Alger à un faux barrage routier. Depuis 1992, entre 100.000 et 200.000 personnes sont mortes en Algérie. Un collectif représentant les familles des disparus - plusieurs milliers - de la "sale guerre" a été reçu cette semaine à l'Elysée. "L'Algérie que l'on veut nous présenter est une Algérie policée, maquillée, une Algérie rêvée. L'Algérie de chair et de sang, l'Algérie mutilée, qui souffre, nous restera cachée", déplore un collectif d'ONG dans une tribune publiée début février dans Le Monde. Amnesty International, dont une délégation s'est rendue fin février en Algérie, a accusé jeudi les forces de sécurité algériennes de torture systématique. Des forces de sécurité algériennes dont l'implication est retenue dans l'une des thèses expliquant l'assassinat des sept moines trappistes du monastère de Tibéhirine, en mai 1996. "Tous les sujets seront abordés au cours de la visite du président", a assuré Catherine Colonna. Une volonté d'ouverture qui répond aussi à des intérêts économiques. Le Maghreb est aujourd'hui au centre d'une lutte d'influence entre Français et Américains, notamment dans le secteur des hydrocarbures. L'importante délégation de chefs d'entreprise qui accompagne Jacques Chirac, notamment Thierry Desmarest, P-DG de TotalElfFina, dévoile, sous l'amorce de la "refondation", un pragmatisme sans fard. Jacques Chirac a invité Algériens et Français à regarder leur passé "en face" dans un esprit de réconciliation, allant jusqu'à évoquer "la paix des braves" du général de Gaulle. "Ce passé, complexe, encore douloureux, nous ne devons ni l'oublier ni le renier. Marcel Proust écrivait: 'certains souvenirs sont comme des amis communs, ils savent faire des réconciliations'. Laissons nos souvenirs parachever la nôtre", a déclaré le président français lors d'un discours devant le Parlement algérien, au deuxième jour de sa visite d'Etat. "Respectons toutes les victimes de la guerre d'Algérie, toutes celles et ceux qui ont combattu dans la sincérité de leurs engagements. Celles et ceux qui n'ont pu voir se lever les jours de l'Indépendance, comme celles et ceux qui ont dû se résoudre à l'exil", a-t-il ajouté. Venu en Algérie inaugurer "l'ère nouvelle" de la refondation aux côtés du président algérien Abdelaziz Bouteflika, Jacques Chirac s'attache depuis le début de sa visite à promouvoir une vision apaisée du passé, de "ses ombres et de ses déchirures". Une volonté s'illustrant notamment dans l'égale attention qu'il accorde à "ces millions de femmes et d'hommes, si différents par leurs religions, leurs origines et leur culture (...), qui ont façonné ensemble cette terre à laquelle ils étaient si attachés".

Jacques Chirac a donc invité le 3 mars 2003, Algériens et Français à regarder leur passé "en face", dans un esprit de réconciliation, afin de recueillir les fruits du "champ neuf et immense" qui s'ouvre à ses yeux dans la relation franco-algérienne. "Ce passé, complexe, encore douloureux, nous ne devons ni l'oublier ni le renier. Marcel Proust écrivait: "certains souvenirs sont comme des amis communs, ils savent faire des réconciliations". Laissons nos souvenirs parachever la nôtre", a déclaré le président français lors d'un discours devant le Parlement algérien, temps fort de la deuxième journée de sa visite d'Etat. "D'un côté comme de l'autre, sachons regarder ce passé en face. Reconnaître ses blessures, sa dimension tragique. Accueillons ensemble les mémoires, toutes les mémoires", a-t-il lancé. "Respectons toutes les victimes de la guerre d'Algérie, toutes celles et ceux qui ont combattu dans la sincérité de leurs engagements. Celles et ceux qui n'ont pu voir se lever les jours de l'Indépendance, comme celles et ceux qui ont dû se résoudre à l'exil", a-t-il ajouté. Venu en Algérie inaugurer "l'ère nouvelle" de la refondation aux côtés du président algérien Abdelaziz Bouteflika, Jacques Chirac s'attache depuis le début de sa visite à promouvoir une vision apaisée du passé, de "ses ombres et de ses déchirures". Une volonté s'illustrant notamment dans l'égale attention qu'il accorde à "ces millions de femmes et d'hommes , si différents par leurs religions, leurs origines et leur culture (...) qui ont façonné ensemble cette terre à laquelle ils étaient si attachés". "Un Français sur six, a-t-il rappelé, vit un lien charnel avec l'Algérie, qu'il en soit originaire d'avant ou d'après l'indépendance". Combattants de la libération nationale, harkis, ces supplétifs algériens qui combattirent aux côtés des forces françaises durant la guerre d'indépendance (1954-62), "pieds-noirs" contraints à l'exode: J. Chirac a un mot et un geste pour chacun. Dans un même élan rassembleur, il a aussi rendu hommage "à tous ces enfants d'Algérie" qui ont "sacrifié leur vie" pour la France lors des deux guerres mondiales et a adressé "un message d'amitié, d'estime et de respect" aux musulmans d'Algérie et de France.

Le chef de l'Etat a déposé une gerbe au Monument des Martyrs, dédié aux victimes de la lutte de libération nationale entre 1954 et 1962. Il s'est rendu le lendemain matin au cimetière Saint-Eugène-Bologhine, l'ancien cimetière européen d'Alger entre la basilique Notre-Dame d'Afrique et la Méditerranée. J.Chirac a demandé devant le président et les parlementaires algériens que des moyens soient dévolus à la préservation des lieux de sépulture français, "afin d'assurer le respect dû à ceux qui y reposent". Le chef de l'Etat a souhaité en outre que l'Algérie permette "la libre circulation de tous les Français qui désirent revoir leur terre natale ou celle de leurs aïeux", une allusion notamment à la question sensible des harkis. Chirac invoque la paix des braves: le président français, qui fut sous-lieutenant de l'armée française en Algérie de mars 1956 à juin 1957, puis haut fonctionnaire dans le pays de 1959 à 1960, mesure la complexité de ces "destins entrecroisés". Depuis 1992, entre 100.000 et 200.000 personnes sont mortes en Algérie durant ce que l'on appelle "la sale guerre". Le FIS (front islamique du salut) a été dissout suite à l'amnistie pour tous les terroristes repentis... Le GIA lui, continue ses ravages en tuant aveuglément les populations civiles... La présence d'Hamlaoui Mekachera, secrétaire d'Etat aux anciens combattants, dans la délégation présidentielle suscite à cet égard les critiques de plusieurs médias et associations algériens. Il est présenté dans le quotidien Le Matin comme "un ministre harki", "un ancien serviteur de l'armée française durant la Révolution algérienne". Hamlaoui Mekachera fut un officier de l'infanterie française, sorti de l'école de Saint-Maixent, non un supplétif harki. "Nos deux nations cicatrisent les blessures du passé. Elles en assument la mémoire. Une ère nouvelle s'ouvre. De part et d'autre de la Méditerranée, Algériens et Français se tendent une main fraternelle. (...) Un champ neuf et immense s'ouvre devant nous. Nous nous y sommes engagés résolument", a affirmé J.Chirac. Pour le chef de l'Etat, le renouveau franco-algérien doit avoir valeur de modèle pour "notre monde secoué par les crises", une allusion à la crise irakienne qu'il a évoquée dans son discours. "Dans notre monde secoué par les crises, traversé par le doute et l'incertitude, où certains sont tentés par le repli sur soi, le refus de l'autre et la violence, puissent l'Algérie et la France faire entendre leur voix", a-t-il lancé. "Nous savons le prix du sang. Nous devinons les conséquences désastreuses, les ravages d'une nouvelle guerre dans une région si meurtrie et si fragile", a-t-il dit à propos de l'Irak et du Moyen-Orient.

Avec l'Algérie, au-delà d'une coopération politique, économique et culturelle renforcée, Jacques Chirac, manifestement encore porté par les manifestations de liesse des Algériens, a insisté le 4 mars 2003 sur les liens qui unissent les deux peuples. "Les destins de l'Algérie et de la France s'entrecroisent", a-t-il dit, en notant qu'"un Français sur six vit un lien charnel avec l'Algérie, qu'il en soit originaire d'avant ou d'après l'indépendance".

Aujourd'hui, "le moment est venu d'une nouvelle alliance algéro-française", a lancé Jacques Chirac.

"Un champ neuf et immense s'ouvre devant nous. Nous nous y sommes engagés résolument", a ajouté le chef de l'Etat français en rappelant qu'il avait signé, dimanche, une déclaration d'amitié qui sera "rapidement" suivie d'un traité, à l'image de la réconciliation franco-allemande de 1963.

J.Chirac a évoqué, sans fard, la "tragédie" de la guerre d'Algérie (1954-1962) qui a fait, selon des estimations controversées, un demi-million de morts et provoqué l'exode d'un million de "pieds-noirs" et de 500.000 harkis (supplétifs de l'armée française). "Ce passé, encore douloureux, nous ne devons ni l'oublier ni le renier", a-t-il dit en invitant Français et Algériens à respecter toutes les victimes de la guerre, les combattants de l'indépendance "comme celles et ceux qui ont dû se résoudre à l'exil", européens et harkis. Signe de cette réconciliation, deux des plus célèbres acteurs algériens de la "Bataille d'Alger" de 1957, Yacef Saadi, l'ancien chef des "poseurs de bombes" et Zohra Drif, sont montés à la tribune pour serrer longuement la main de M. Chirac à l'issue de son discours. Autre manifestation de ce "devoir de mémoire", le président français a déposé une gerbe en fin de matinée au cimetière de Bologhine (ex-Saint-Eugène), dans les faubourgs ouest d'Alger, qui comporte 25.000 tombes européennes et 4.800 tombes juives. J.Chirac a annoncé, en fin de journée devant la communauté française, un plan sur cinq ans pour sauver de l'abandon les cimetières chrétiens et juifs d'Algérie.

J.Chirac a achevé sa visite d'Etat en Algérie en dénonçant les tenants du "choc des civilisations", alors que la crise irakienne avive les tensions internationales, et il a mis en garde contre une guerre qui renforcerait "le camp de la haine et de l'obscurantisme". "Le monde est aujourd'hui menacé d'une terrible cassure. (...) Avec la tragédie du 11 septembre 2001, une certaine vision du nouveau millénaire s'est effondrée. Mais pas l'espoir. C'est le sens de l'engagement de la France", a déclaré le chef de l'Etat lors d'un discours à l'université d'Oran, la deuxième ville d'Algérie. "Nous récusons, d'où qu'ils viennent, les tenants d'un choc des civilisations qui serait inéluctable, ceux qui voudraient qu'aux guerres entre nations, qu'à la confrontation des idéologies, succèdent maintenant les oppositions irréductibles entre cultures et religions", a-t-il souligné. Une référence croisée aux terroristes d'Al-Qaïda et aux stratèges qui, au sein de l'administration américaine, épousent la thèse d'un "choc des civilisations" théorisée en 1993 par Samuel Huntington et assimilent le dossier irakien à la lutte contre le terrorisme international. "Cette théorie du choc peut apparaître convaincante à qui se contente d'une analyse simplificatrice, en vérité simpliste", a lancé J.Chirac. Pour le président français, la crise irakienne est emblématique de ces deux visions géopolitiques conflictuelles. "Le respect et l'égale dignité des cultures et des peuples" inspirent les engagements de la France sur la scène internationale", a dit Jacques Chirac au terme d'une visite triomphale, portée par une foule en liesse, sous les vivats ! qui aura permis de mesurer la popularité de la France au Maghreb, avec plusieurs centaines de milliers d'algériens tout au long des cortèges présidentiels, pour ses prises de position en faveur de la paix face aux visées américaines. Contrairement à ce qui s'est passé au Maroc, la rue algérienne ne s'est pas mobilisée sur la crise irakienne, mais pour formuler ses espoirs d'avenir dans la France, mais à Oran quelques manifestants ont crié leurs remerciements à la France "pour l'Irak et pour Bab el-Oued", le quartier d'Alger où le président français s'était rendu en décembre 2001 après des intempéries meurtrières. Une adolescente oranaise avait écrit "droit de veto" sur un petit drapeau algérien, allusion aux discussions au Conseil de sécurité des Nations unies.

La France, a martelé Jacques Chirac, "se bat pour que soient respectés le droit international, le principe de responsabilité collective et le rôle central des Nations unies qui incarnent l'idéal démocratique à l'échelle de la planète". "C'est tout cela qui est en jeu et que la France défend à l'occasion de la crise irakienne. (...) La guerre est toujours un aveu d'échec, avec toujours des conséquences désastreuses, qui peut allumer de nouveaux brasiers et renforcer le camp de la haine et de l'obscurantisme", a répété le chef de l'Etat, reprenant l'une des antiennes de son voyage de trois jours. S'adressant à plusieurs centaines d'étudiants répartis dans un auditorium et quatre amphithéâtres, il a exhorté la jeunesse algérienne à oeuvrer pour "un monde meilleur et plus fraternel, un monde en paix". Un message ambitieux venu se superposer aux attentes plus concrètes des jeunes Algériens, majoritairement touchés par le chômage, qui affecte 30% de la population. Soixante-dix pour cent des 31 millions d'Algériens ont moins de 30 ans. "Les doutes de cette jeunesse sont également les nôtres", a assuré J.Chirac. "Une jeunesse qui se pose mille questions, une jeunesse révoltée par l'injustice, incertaine de son avenir, traversée de doutes sur sa capacité à s'épanouir librement". Aux "Visas! Visas!" entendus à Alger, le président a répondu que la France instituerait un système "plus rapide, plus confortable" pour les demandeurs de visas, sans s'engager plus avant. Aux aspirants à l'exil, il a expliqué dans la ville d'Albert Camus qu'ils étaient "les architectes de l'Algérie de demain", "un pays à la mesure de vos rêves". La France, a-t-il assuré, "est prête à les accompagner" dans le cadre de la "refondation" franco-algérienne dont les bases ont été jetées au cours de cette visite historique. "La refondation, c'est très bien, on espère que ça suivra dans les actes", confiait un jeune Algérois. J.Chirac a quitté Oran peu avant 18h00 pour regagner Paris.

Le président J.Chirac a demandé le 5 mars 2003 à tous les membres du gouvernement d'assurer le suivi de la coopération avec l'Algérie à la suite de sa visite d'Etat de trois jours, dans ce pays, a déclaré le porte-parole du gouvernement J.F.Copé.A l'issue d'un compte-rendu fait en Conseil des ministres par le ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin, J Chirac a estimé que sa visite avait "atteint tous ses objectifs", a rapporté J.F Copé. J. Chirac "a souligné l'importance qu'il attachait au suivi des relations entre la France et l'Algérie et a demandé à chacun des membres du gouvernement de faire le point sur l'état de ses échanges et de ses actions de coopération avec l'Algérie", a ajouté le porte-parole. Le président de la République a indiqué qu'il présidera avant l'été un conseil restreint consacré à ce sujet. Mercredi matin, au lendemain de la première visite d'Etat d'un président français en Algérie depuis l'indépendance en 1962, la presse algérienne jugeait cette visite "triomphale" et exprimait l'espoir qu'elle ne reste pas sans lendemain et donne des résultats concrets.


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